Pour écarter tout risque d’effondrement d’un sous-sol parisien fortement excavé, l’Inspection des carrières est créée en 1777, avec à sa tête Charles-Axel Guillaumot. Appliquant ses techniques, de multiples opérations de consolidation seront menées jusqu’au début du XXe siècle, notamment sous la ligne de Sceaux.
Une foule peu ordinaire rassemblée pour un événement extraordinaire
Le 4 octobre 2017, à 18 h 30 une foule inhabituelle s’était rassemblée à la sortie du RER Denfert-Rochereau pour une raison peu ordinaire. Aucun rapport avec une arrivée d’un défilé syndicaliste, et bien au contraire car la plupart des impétrants avaient plutôt des noms à particule et avaient également comme point commun d’être les descendants d’un personnage du XVIIIe siècle qui compta énormément dans l’histoire de Paris, bien qu’il soit encore peu connu de ce côté-ci de la Manche ou de l’Atlantique. Et si tout ce beau monde s’était donné rendez-vous à cette heure et en cette place, c’était pour une cérémonie très officielle : l’attribution comme nom pour cette esplanade (s’étendant entre le bâtiment de la station de RER datant de 1846, et la voie de stationnement des bus pour Orly) de celui de Charles-Axel Guillaumot, « l’homme qui sauva Paris de l’effondrement », selon le qualificatif que lui donna Graham Robb dans son livre Parisians : An Adventure History of Paris. Par la même occasion avaient été invités trois descendants de Philibert Aspairt, autre personnage du XVIIIe siècle, sur lequel nous reviendrons plus tard. Contemporain de Guillaumot, il eut en revanche une destinée moins prestigieuse, mais également liée aux sous-sols catacombesques parisiens.
Sous le radier de la ligne de Sceaux : d’anciennes carrières de calcaire
La partie parisienne du parcours de cette voie ferrée circule au-dessus d’anciennes carrières souterraines qui avaient déjà été consolidées (ou étaient en cours de l’être), mais il fallut adapter les consolidations à la propriété précise du chemin de fer et surtout pour une circulation des trains. Rappel historique. Charles-Axel Guillaumot, né à Stockholm en 1730 – son père ayant migré là-bas suite à la Révocation de l’édit de Nantes –, devint architecte du roi Louis XVI après des études à Hambourg. Il vint par la suite à Paris pour y apprendre l’architecture, mais parcourut quelques pays européens pour compléter sa formation : Allemagne, Italie, Angleterre, Espagne. Le 4 avril 1777 fut créée « l’Inspection des carrières sous Paris et plaines adjacentes », car la ville s’étant étendue au-dessus d’anciennes carrières souterraines exploitées sous la campagne environnante plusieurs siècles auparavant, il commençait à se produire des effondrements impactant la sécurité des êtres et des biens. À la tête de celle-ci fut nommé Guillaumot, un personnage exceptionnel par son expertise et ses compétences, car il fut confronté à un exercice qui n’avait jamais eu d’antécédents : devoir consolider une ville établie sur du vide, alors que la vie continuait de grouiller au-dessus. Les principes qu’il développa pour assurer la mise en sécurité de la capitale furent suivis sans interruption de 1777 à 1909, quelles que soient les périodes troubles de l’histoire qui se succédèrent : Révolution française, Terreur, les brèves Révolutions de 1830 et 1848, guerre franco-prussienne de 1870, Commune de 1871. L’année 1777 correspond aux tout premiers travaux de l’Inspection, qui débutèrent effectivement dans et sous le secteur de la place Denfert-Rochereau, quasiment au droit de la gare du RER, auparavant « embarcadère de la ligne de Sceaux » ; tandis que 1909 est l’année, non gravée, que l’on trouve également sous cette même emprise ferroviaire, identifiant les derniers travaux souterrains du secteur exécutés sous l’égide du « Chemin de fer ».